La mort était un grand vide et le souvenir insupportable.
Il était impossible de se souvenir.
Alors il venait hanter mes nuits.
Je tentais d’effacer jusqu’au souvenir de la douceur de sa voix, de son sourire.
Je vivais sans lui.
Je l’oubliais.
Après une journée entière vécue sans penser à lui, le souvenir non pas de lui mais de son absence m’étouffait. Je m’efforçais de me le représenter tel que je l’avais aimé, je convoquais des images, le son de sa voix, mais cet effort pour repousser la mort se transformait en son inverse : il n’était jamais aussi mort que lorsque je tentai de m’en souvenir.
Me venaient alors à l’esprit ce que je n’avais pas dit, pas fait, ce qui aurait dû avoir lieu, ce qui aurait dû être dit.
On dit que la mémoire chasse la mort.
On dit que les morts ne sont pas morts tant qu’on se souvient d’eux.
A quand le souvenir heureux qui te fera revivre ?